La Journée Internationale Contre l’Extrémisme Violent
Le 12 Février : Célébration de la Journée internationale pour la prévention de l’extrémisme violent (PEV) lorsqu’il favorise le terrorisme
Traduit par Hind Raad Gathwan/GICJ
“L’extrémisme violent, lorsqu’il favorise le terrorisme, remet en cause les valeurs des Nations Unies que sont la paix, la justice et la dignité humaine.”1
Imprégnées d’un profond sentiment d’urgence et de gravité, ces paroles ont été choisies par Vladimir Voronkov, Secrétaire général adjoint du Bureau des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme (UNOCT), à l’occasion de la deuxième célébration de la “Journée internationale pour la prévention de l’extrémisme violent (PEV) lorsqu’il favorise le terrorisme”, le 12 février 2024, instituée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2022.Dans sa déclaration, Voronkov a opposé l’extrémisme violent aux valeurs des Nations Unies. Ce faisant, ses propos ont fait écho à ceux de l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, qui, dans son “Plan d’action pour prévenir l’extrémisme violent”, avait défini cette forme de violence comme une atteinte aux principes fondamentaux des Nations Unies.2
Par cette initiative, l’ancien Secrétaire général ne s’est pas contenté de dénoncer toute forme d’extrémisme, mais a également plaidé pour un plan d’action global à mettre en œuvre par l’ONU et ses États membres afin d’éradiquer les conditions propices à l’extrémisme menant au terrorisme. Adoptant cette approche, l’Assemblée générale des Nations Unies a d’abord accueilli favorablement le plan de Ban Ki-Moon le 12 février 2016, avant d’établir – par la Résolution 77/243 (2022) 3 – cette date comme la Journée internationale dédiée à la prévention de l’extrémisme violent lorsqu’il favorise le terrorisme.
L’extrémisme violent et les conditions qui le favorisent
L’extrémisme violent propice au terrorisme est un phénomène qui transcende les nationalités, les générations, les religions et les genres. D’un côté, l’ONU condamne fermement les atrocités commises par l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), Al-Qaïda et Boko Haram, affirmant que le continent africain reste “l’épicentre du terrorisme mondial”. D’un autre côté, elle souligne que l’extrémisme violent ne doit pas être spécifiquement associé ou limité à ces catégories, groupes ou régions.
Compte tenu de la complexité du problème, l’un des objectifs de cette Journée internationale est de sensibiliser le public aux nombreuses conditions qui y conduisent. Selon le Premier pilier de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies de 2006, ces conditions incluent (sans s’y limiter) : des conflits prolongés et non résolus, l’absence d’État de droit et les violations des droits humains, les discriminations ethniques, nationales et religieuses, l’exclusion politique, la marginalisation socio-économique et l’absence de bonne gouvernance. Lorsque ces facteurs sont réunis, les idées extrémistes trouvent un terrain propice à leur expansion, facilitées par internet, les réseaux sociaux et même les jeux en ligne.
En mettant en lumière ces conditions préalables, l’ONU ne justifie en aucun cas la diffusion des idéologies extrémistes ni la violence qui en découle. Au contraire, elle reconnaît que les stratégies de lutte contre ce fléau doivent aller au-delà de l’approche sécuritaire adoptée ces dernières décennies. Elles doivent inclure la compréhension et l’éradication des causes profondes du problème au sein des sociétés, tout en respectant les droits humains. Ainsi, l’accent est désormais mis sur la prévention de la radicalisation des civils, en particulier des jeunes, et sur une implication accrue des médias, des organisations civiles et religieuses, ainsi que du secteur privé, dans l’élaboration de stratégies pour la prévention de l’extrémisme violent (PEV).
L’action de l’ONU pour la prévention de l’extrémisme violent propice au terrorisme
À l’initiative du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, le Pacte mondial de coordination de la lutte antiterroriste a été lancé en 2018, avec pour objectif de coordonner les actions des membres de l’ONU et des acteurs externes dans la lutte contre le terrorisme. Le premier des huit groupes de travail se concentre sur la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent propice au terrorisme, conformément aux indications du Premier Pilier de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Ce groupe est présidé par l’UNOCT et coprésidé par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Alliance des civilisations des Nations Unies (UNAOC). Il cherche à prévenir et à contrer l’extrémisme violent lié au terrorisme tout en respectant les droits humains, l’État de droit, l’égalité des sexes et l’autonomisation des jeunes, conformément au droit international.
L’une des initiatives en cours dans ce cadre est le programme #YouthWagingPeace de l’UNESCO et de l’UNAOC, qui inclut des activités dirigées par des jeunes pour sensibiliser les personnes âgées de 21 à 35 ans en Inde, au Sri Lanka, en Birmanie, au Pakistan, en Afghanistan et au Bangladesh à la prévention de l’extrémisme violent (PEV) et les mobiliser pour des communautés en paix durable. L’idée sous-jacente est que “personne n’est né extrémiste violent, mais les individus le deviennent et en sont alimentés” (UNESCO). Par conséquent, l’éducation joue un rôle clé dans la prévention de la radicalisation des jeunes.
Un autre projet mené par l’UNOCT est le Programme mondial du sport, qui utilise les valeurs du sport pour renforcer la cohésion sociale et promouvoir une culture de respect mutuel et de relations positives entre les individus, quelle que soit leur foi, leur race ou leur culture.
L’ONU soutient également et promeut l’action de la société civile qui défie la prolifération de l’extrémisme violent, y compris le partenariat entre l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et Victims’ Voices. Cette initiative, lancée en 2013 par une victime d’attaque terroriste à Jakarta, offre un espace aux victimes d’attentats terroristes pour partager leurs témoignages et promouvoir la paix.
Derrière toutes ces initiatives, il y a un appel constant aux États membres pour qu’ils prennent toutes les mesures nécessaires pour prévenir la propagation de l’extrémisme violent et le condamnent sous toutes ses formes.
Geneva International Centre for Justice (GICJ) s’aligne avec l’ONU pour condamner fermement toutes les formes d’extrémisme violent propices au terrorisme, qu’il considère comme l’antithèse des valeurs fondamentales de l’ONU, telles que la paix, la sécurité et les droits de l’homme. De plus, GICJ salue les efforts déployés par l’ONU et souligne la nécessité de contrer de telles pratiques violentes tout en respectant pleinement les droits de l’homme, en favorisant l’éducation, l’autonomisation des jeunes et des femmes, l’implication de la société civile, les valeurs communautaires et, fondamentalement, un sens partagé de l’humanité. En effet, dans un monde où les formes d’extrémisme violent sont pratiquées aussi bien par des acteurs étatiques que non étatiques, affectant des personnes de toutes origines, ethnies, âges, genres et religions, il est crucial de préserver la vie et le sens de l’humanité que l’extrémisme violent cherche à éradiquer.
In-text references
Picture: terrorists | made by Fed 3 | Radulescu Andrei | Flickr
[2] https://docs.un.org/en/A/70/674
[3] https://docs.un.org/en/A/RES/77/243
[4] Security Council debates growing terrorism threat in Africa | UN News
[5] https://docs.un.org/en/A/RES/60/288
[7] Sports and security | Office of Counter-Terrorism
[8] Interview: Victims´ Voices co-founder urges more action in preventing violent extremism