Traduit par Hind Raad Gathwan/GICJ
L’emplacement stratégique des îles Chagos, un archipel situé dans l’océan Indien au nord-est de l’île principale de Maurice, constitue indéniablement un atout précieux pour le Royaume-Uni et les États-Unis.
Avant que le Royaume-Uni ne sépare illégalement les îles Chagos de la République de Maurice en 1965 pour former une nouvelle colonie nommée le Territoire britannique de l’océan Indien (BIOT), l’archipel faisait partie intégrante du territoire mauricien [1]. De plus, lors de la création du BIOT, entre 1967 et 1973, le Royaume-Uni a illégalement déplacé environ 1,500 à 2,000 Chagossiens dans le but de louer Diego Garcia comme base militaire aux États-Unis.1,2
À ce jour, le sort des îles Chagos fait l’objet de négociations étroites entre les États-Unis, le Royaume-Uni et Maurice. Malgré les incertitudes liées à l’arrivée de l’administration Trump et à la révision de l’accord sur les Chagos, la République de Maurice est fermement déterminée à reconstituer sa souveraineté sur les îles Chagos afin de mettre fin à l’occupation coloniale illégale et à l’utilisation de l’archipel par le Royaume-Uni depuis 1965.
Le 22 juin 2017, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution 71/292, demandant à la Cour internationale de Justice (CIJ) de rendre un avis consultatif. Par un vote enregistré de 94 voix pour, 15 contre et 65 abstentions [3], l’Assemblée générale a posé à la Cour les questions suivantes :
1.Le processus de décolonisation de Maurice a-t-il été juridiquement achevé lorsqu’il a obtenu son indépendance en 1968, compte tenu de la séparation de l’archipel des Chagos et des lois internationales pertinentes, y compris les résolutions clés des Nations Unies ?
2.Quelles sont les conséquences en droit international de l’administration continue de l’archipel des Chagos par le Royaume-Uni, notamment en ce qui concerne l’incapacité de Maurice à réinstaller ses ressortissants, en particulier ceux d’origine chagossienne, comme indiqué dans les résolutions mentionnées ?3
L’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les conséquences juridiques de la séparation de l’archipel des Chagos de Maurice en 1965, rendu le 25 février 2019, a reconnu que la décolonisation de Maurice n’avait pas été légalement achevée, car elle ne tenait pas compte de la volonté libre et authentique des Mauriciens. De plus, la Cour a affirmé que le Royaume-Uni était dans l’obligation de restituer les îles Chagos à Maurice.4
Le 25 février 2019, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution accueillant favorablement l’avis consultatif de la CIJ et demandant au Royaume-Uni de mettre fin à son administration coloniale sur les îles Chagos dans un délai de six mois. Cette résolution a été adoptée par un vote massif de 116 voix pour, 6 contre et 56 abstentions. L’Assemblée a déclaré que le Royaume-Uni devait coopérer avec Maurice pour faciliter la réinstallation des Chagossiens et achever la décolonisation de Maurice.4
Le 3 octobre 2024, le Royaume-Uni a annoncé avoir conclu un accord pour restituer les îles Chagos à la République de Maurice. Toutefois, le Royaume-Uni conserverait le contrôle de la base militaire américano-britannique sur Diego Garcia. Alors que les négociations se poursuivent entre Londres, Washington et Maurice, l’organisation Chagossian Voices a exprimé son mécontentement d’avoir été exclue des négociations, estimant qu’elle a le droit de participer aux décisions concernant l’avenir de son territoire natal.1
Des experts des Nations Unies soulignent l’importance d’accorder de la valeur aux droits des Chagossiens, tant pour Maurice que pour le Royaume-Uni, en garantissant leur participation active à l’accord sur les Chagos :« Les droits du peuple chagossien, y compris le droit à un recours adéquat et efficace ainsi qu’à des réparations, de même que les droits des peuples autochtones, devraient être au cœur des négociations du traité envisagé. »5
Geneva International Centre for Justice (GICJ) affirme la souveraineté de la République de Maurice sur les îles Chagos et soutient son engagement à mettre fin à l’occupation illégale du Royaume-Uni.Dans cette optique, le GICJ reconnaît avec regret le déplacement forcé des Chagossiens et exhorte les pays concernés à coopérer avec les Chagossiens afin de finaliser un traité conforme au droit international, garantissant leur bien-être et anticipant leur réinstallation dans l’archipel.De plus, le GICJ souligne l’importance de l’alliance entre le Royaume-Uni et les États-Unis pour mettre fin à leur administration des îles Chagos et assurer ainsi la décolonisation complète de la République de Maurice.
Sources:
[1] https://govmu.org/EN/Pages/AboutChagos.aspx
[2] https://news.un.org/en/story/2019/02/1033532
[3]https://press.un.org/en/2017/ga11924.doc.htm
[4] https://press.un.org/en/2019/ga12146.doc.htm
[5]https://www.ohchr.org/en/press-releases/2024/10/chagossians-should-be-centre-stage-negotiations-between-mauritius-and-uk-un
Picture source: (Flickr) https://www.flickr.com/photos/chagos/14941363348/in/dateposted/