Rédigé par Beatrice Serra/GICJ

La multiplication du nombre d’expulsions de migrants et demandeurs d’asile en Libye est alarmante. Malgré les demandes de l’ONU de mettre fin à ces retours forcés, leur nombre a augmenté pendant la crise sanitaire. Ces mesures sont prises sous la forme de « procédures d’urgences », prétendument pour limiter la circulation du virus.

Dans les deux derniers mois, deux groupes de migrants Soudanais ont été déportés de Libye. Le 3 décembre 2021, 18 Soudanais ont été arrêtés, enfermés puis renvoyés sans recours judiciaire ni procédure individuelle. En décembre 2021, 24 érythréens sont enfermés à la prison de Ganfouda, et risquent d’être renvoyés à leur tour.

Les retours collectifs sont des violations des droits humains des demandeurs d’asile, qui risquent déjà torture et persécutions en Libye. Les migrants originaires du Soudan, de l’Erythrée, de la Somalie ou du Tchad sont sujets à des arrestations arbitraires et à un manque général de garanties judiciaires ou de procédures individuelles. La Libye commet un certain nombre d’atrocités contre sa population d’immigrés, avec des chiffres élevés de violences physiques et sexuelles. De plus, ces migrants sont sujets au trafic d’êtres humains, à la torture et à des disparitions forcées. Les abus contre les demandeurs d’asile sont commis par l’Etat, mais aussi par des acteurs non étatiques comme les milices et autres groupes armés. Ces abus constituent une violation du droit international et des droits des réfugiés selon la convention de 1951. Ces violations des droits humains sont bien documentées et connues des chefs d’Etat, notamment de l’Union Européenne, qui collaborent pourtant avec les « gardes côtes » libyens et essaient de maintenir les migrants en Libye où ils courent de grands risques.

Geneva International Centre for Justice (GICJ) appelle le gouvernement Libyen à respecter les obligations internationales du droit humanitaire et de la convention des réfugiés. Le gouvernement est responsable du maintien de conditions de vie dignes pour les demandeurs d’asile et les migrants sur son territoire. En particulier, les droits à une procédure individuelle et au non-refoulement doivent être protégés. De plus, GICJ presse la communauté internationale de lancer une enquête sur les abus commis à l’encontre des migrants en Libye. Un système d’enquête indépendant doit être adopté afin de fournir des informations non-biaisées, claires et transparentes. Avec les informations transmises, la communauté internationale pourra assister le gouvernement libyen en lui fournissant l’aide technique et les capacités pour réguler les frontières et le flot de migrants au mieux. GICJ demande à l’UE de renoncer à déléguer son contrôle des frontières à la Libye qui ne cesse de bafouer les droits humains des migrants. Cette politique met en danger la vie des migrants en accordant tous les pouvoirs à des « gardes cotes » qui ne sont que des milices financées par l’UE.

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