Le rapport de la Commission fait suite au scandale de la pédophilie dans l’Eglise depuis l’après-guerre et à une relative libération de la parole des victimes depuis les années 2010, et ce à échelle internationale. La création de cette commission fut d’ailleurs mandatée par la Conférence des évêques ainsi que la Conférence des religieux et religieuses de France en 2019. Le sujet reste tout de même toujours extrêmement tabou et malgré les avancées de l’Eglise, l’indifférence et la protection des agresseurs reste un fait très récurrent dans l’institution, ainsi que la minimisation des actes de la part des agresseurs eux-mêmes. Ce phénomène est d’autant plus problématique que l’Église catholique est, hormis les cercles familiaux et amicaux, le milieu où la prévalence des violences sexuelles est la plus élevée.

Selon l’étude, le nombre de cas d’abus sexuels sur mineurs de la part de membres de l’Eglise est à son point culminant entre 1950 et 1970. Le nombre de victimes identifiées diminue jusqu’en 1990, mais stagne dorénavant, voire augmenterait.

Les victimes sont majoritairement des garçons de 10 à 13 ans, que les membres de l’Eglise réduisent au silence afin qu’ils ne montrent aucune résistance. Les prêtres en particulier usent de leur autorité et du principe religieux de service et de charité. Les victimes majeures au moment des faits, même si non comptabilisées dans les chiffres de l’étude, sont évoqués. Il s'agit principalement d’autres membres de l’Eglise de niveau d’autorité inférieur, tels que les religieuses ou les séminaristes.

D’une part, la multiplication des abus sexuels dans l’Eglise catholique française est favorisée par une culture du viol inhérente dans certains aspects de l’éducation et de la doctrine religieuse actuelle : sacralisation excessive du prêtre, survalorisation du célibat chez le prêtre, obéissance allant jusqu’à l’effacement de la conscience, détournement des Écritures, tabou de la sexualité et principe d’offense à la chasteté. 

D’autre part, l’impunité dont bénéficient les agresseurs peut notamment s’expliquer par les lacunes du droit canonique, qui protègent finalement les membres de l’Eglise dans ce type d’offense. Le règlement interne de ce fléau ne peut donc pas se faire, pour des raisons pratiques mais aussi de laïcité : les abus sexuels ne doivent pas être traités différemment en fonction du statut religieux d’un individu.

Geneva International Center for Justice salue la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise pour son travail remarquable, et condamne fermement les abus sexuels systémiques de l’Eglise catholique, alimentés par une hiérarchie trop stricte sacralisant et indemnisant les membres d’autorité ainsi qu’une culture du silence. Nous invitons l’Eglise Catholique française à suivre les recommandations du rapport et à répondre de ses actes. 

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