Journée mondiale de la liberté de la presse

3 mai 2025 – Célébrons la Journée mondiale de la presse

Traduit par Hind Raad Gathwan/GICJ

 

Introduction

Chaque année, le 3 mai est une date à laquelle nous célébrons les principes fondamentaux de la liberté de la presse. Ce moment ne consiste pas seulement à défendre la liberté de la presse, mais aussi à évaluer la situation de cette liberté dans le monde entier, à protéger les médias et les voix ciblées contre les attaques portant atteinte à leur indépendance, et à commémorer les journalistes ayant perdu la vie dans leur quête de vérité — même face à la censure, aux menaces et à la violence.

 

Historique

En 1993, à la suite d’une recommandation adoptée lors de la 26e session de la Conférence générale de l’UNESCO, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé la Journée mondiale de la liberté de la presse. Cette recommandation faisait suite à un appel lancé en 1991 par des journalistes africains ayant rédigé la Déclaration de Windhoek, un texte fondamental soulignant l’importance d’une presse libre, indépendante et pluraliste. Cette déclaration représente également une affirmation essentielle de l’engagement de la communauté internationale en faveur de la liberté de la presse.

 

L’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la presse

Cette année, les Nations Unies (ONU) se concentrent sur le rôle de l’intelligence artificielle (IA) dans le journalisme et les médias. L’IA a un potentiel positif, mais elle peut aussi mettre en péril les droits humains, notamment la liberté d’expression. L’IA transforme inévitablement le paysage médiatique, ce qui rend essentiel de comprendre comment elle influe sur cette transformation.

L’IA n’est ni fondamentalement bonne ni mauvaise. Il s’agit d’un outil dont l’impact dépend des intentions et des actions de ceux qui l’utilisent. Elle change le journalisme en fournissant des outils innovants pour améliorer l’investigation journalistique et aider à la vérification des faits. Elle contribue à améliorer l’efficacité, l’accessibilité multilingue et l’analyse de données.

Cependant, l’utilisation généralisée de l’IA présente des défis majeurs, notamment en ce qui concerne la protection de la liberté de la presse. Les risques incluent la désinformation et la mésinformation générées par l’IA, les technologies de “deepfake”, la modération biaisée des contenus, et les menaces de surveillance à l’encontre des journalistes. Certains États utilisent l’IA pour contrôler illégalement la communication publique, faciliter la censure et réprimer les journalistes dissidents. De même, des acteurs privés, tels que les moteurs de recherche et les plateformes de réseaux sociaux, utilisent l’IA pour modérer les contenus et supprimer les contenus jugés défavorables.

Malgré les avantages, lorsque l’IA n’est pas utilisée dans le respect des droits humains, elle peut devenir une arme de censure des médias et de surveillance illégale des journalistes indépendants.

 

Solutions

Pour répondre efficacement aux préoccupations mentionnées ci-dessus, il est essentiel de considérer le contexte sociotechnique dans lequel l’IA est utilisée, par qui et à quelles fins. Les États doivent être encouragés à imposer la divulgation de l’utilisation de l’IA et de ses fonctions sous-jacentes, ainsi qu’à garantir la transparence dans leurs propres applications d’IA. Les exigences pourraient être hiérarchisées selon l’objectif, l’acteur, la phase de développement et les risques potentiels pour les droits humains.

En outre, des normes et réglementations plus strictes sur l’utilisation de l’IA et sa gouvernance sont indispensables pour assurer la responsabilité. Par exemple, les réglementations devraient lier la responsabilité des entreprises à leurs profits et garantir que les décideurs soient tenus responsables de leurs actions. Les États devraient également être incités à mettre en place une structure de surveillance de l’IA en plusieurs niveaux et à explorer des modèles d’autorégulation et de corégulation, ainsi que des mécanismes tels que des instances de résolution des litiges ou des conseils des médias sociaux pour traiter les violations de manière appropriée.

Les outils d’IA devraient faire l’objet d’audits indépendants fréquents, y compris des évaluations sur les risques potentiels d’interférence avec la presse. Il est aussi important de garantir l’accès à des recours pour les contenus restreints à tort, qu’ils proviennent de journalistes ou d’individus.

Enfin, en raison de l’interdépendance et de la nature transnationale des limites de l’IA, il est impératif de renforcer les efforts internationaux et de poursuivre des solutions globales pour un usage éthique de l’IA. Cela peut inclure diverses initiatives menées par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, l’UNESCO, le Conseil de l’Europe ou l’Union européenne.

 

Conclusion

L’IA ne doit pas être tenue seule responsable des défis posés à la liberté des médias et de la presse. Cependant, elle ne doit pas non plus favoriser l’autoritarisme numérique ou la répression technologique des médias. Pour que l’IA contribue à la liberté de la presse et à l’accès à une information pluraliste, tous les acteurs doivent garantir un cadre fondé sur les droits humains, afin d’accroître la transparence et la responsabilité. Alors que l’IA continue d’influencer la presse et notre manière de consommer l’information, il est essentiel de mettre en place des mécanismes de protection dès sa conception et son application.

 

Position du GICJ

Le Geneva International Centre for Justice (GICJ) condamne fermement l’usage abusif de l’IA dans les médias et la presse, soulignant ses graves implications pour la liberté de la presse et l’intégrité démocratique. À une époque où tout devient numérique et où la technologie est omniprésente dans notre quotidien, dans un climat politique incertain, il est crucial de garantir la liberté de la presse, la démocratie, la liberté d’expression et le droit à l’information du public. Le GICJ exhorte les gouvernements et les entités privées à adopter des mesures de protection plus rigoureuses et à appliquer des réglementations plus strictes concernant l’utilisation de l’IA dans la presse.

Dans de nombreuses régions du monde, les libertés des médias et de la presse subissent depuis longtemps des restrictions. Il est donc essentiel de veiller à ce que l’intelligence artificielle ne devienne pas un nouvel outil de répression de la liberté de la presse.

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 Sources

 

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