Par Louise Requin / GICJ

La délégation grecque a ouvert la 39eme session de l’EPU (Examen Périodique Universel) avec la présentation de leur rapport du troisième cycle.

La Grèce a souffert de la pandémie Covid-19, mais grâce à des mesures préventives prises tôt dans le développement de l’épidémie, les autorités ont réussi à contenir l’étendue de la maladie. Cependant, les restrictions liées à la Covid-19 on eu des conséquences importantes sur la population réfugiée du pays.

La Grèce a présenté les progrès achevés dans le combat contre l’intolérance, la discrimination et le racisme, la violence domestique, les droits des LGBTQ+, les droits des enfants et les droits des personnes en situation de handicap. La plupart du dialogue interactif a cependant gravité autour de la « crise migratoire », des frontières grecques, de ses camps de réfugiés et de la criminalisation des efforts humanitaires. La délégation grecque a tout d’abord réaffirmé son engagement à respecter le principe de non-refoulement. La délégation a soutenu que les camps de réception et d’identification ont été modernisés pour les standards de respect des droits de l’homme. De plus, la pandémie Covid-19 a accéléré la procédure d’asile, grâce à un traitement des demandes plus rapide, et de nombreux transferts vers le continent. Ceci a limité les risques sanitaires que pose le surpeuplement des camps dans les îles égéennes.

En févier 2020, à cause de tensions diplomatiques avec la Turquie, les arrivées sur les îles égéennes ont augmenté de 80%, ce qui a poussé la Grèce à mettre halter la procédure d’asile pendant un mois entier. Les garde-côtes grecs ont alors pratiqué des retours collectifs en masse. Cette pratique illégale a été remarquée et observée par des organisations non gouvernementales présentes dans la mer Égée. La délégation grecque a cependant nié ces accusations, et a réitéré sa confiance en les autorités de police grecques. Paradoxalement, la délégation a aussi insisté sur le fait que toute accusation fait l’objet d’une investigation sérieuse impliquant l’ombudsman indépendant. La délégation Turque a contré ces affirmations et a soutenu que les autorités turques ont-elles aussi enregistré des retours collectifs par les garde-côtes grecs.

La délégation grecque a insisté sur les conditions de vies des camps de réfugiés, qui seraient respectueuses des droits humains et du principe de non-détention des demandeurs d’asile. Cependant, le nouveau camp qui a ouvert à Samos en septembre 2021 est placé sur une colline isolée, loin des villages et des commerces, des ONG et des écoles. Il est seulement accessible par un bus payant, ce qui cause l’enfermement de facto des réfugiés, laissés sans accès pratique à la vie sociale. A Lesbos, le nouveau camp de Moria est loin de s’élever aux standards requis : manque d’accès à l’hygiène, à l’eau potable, à des abris en dur, à la santé, à l’éducation.

Plusieurs délégations ont condamné la criminalisation de l’action humanitaire entreprise par les autorités grecques. La Grèce continue de poursuivre en justice plusieurs membres d’associations humanitaires, accusant les ONG de trafic d’êtres humains, d’espionnage, de blanchiment d’argent… Ces poursuites sont souvent infondées, et ont pour but de décrédibiliser les travailleurs sociaux et bénévoles ainsi que de restreindre leurs actions. Plusieurs délégations ont mis le doigt sur ce problème et demandé à la Grèce de cesser immédiatement la criminalisation des activités humanitaires, au risque d’enfreindre les libertés d’association et de réunion, ainsi que les droits fondamentaux des demandeurs d’asile.

Geneva International Centre for Justice demande à la Grèce de respecter les droits fondamentaux de sa population de réfugiés et de demandeurs d’asile, en particulier le principe de non-refoulement. L’accumulation de preuves de retours collectifs ne laisse plus de doute quant à la conduite des gardes côtes grecques, qui doit maintenant faire l’objet d’une investigation européenne ou internationale. La Grèce semble avoir manqué à ses obligations légales. De plus, GICJ encourage l’Union Européenne à financer la réception des demandeurs d’asile et organiser la redistribution des demandes à l’échelle du continent. Enfin, GICJ insiste sur l’importance de ratifier la Convention Internationale sur la Protection des Travailleurs Migrants et de leurs Familles, un texte particulièrement pertinent dans le contexte grec.

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